TERRE DE DÉPARTS
J’étais là, à
Brouage, lors de la naissance de Samuel de Champlain, aux alentours de 1567 (Je ne sais plus très bien la date exacte
…).
Samuel de
Champlain ! … Navigateur, cartographe, soldat, explorateur, commandant,
chroniqueur … Et tout cela à la fois ! … Fondateur de la ville de Québec … Samuel de Champlain, le père de la
Nouvelle France … Il me semble bien que j’étais là, aussi, lorsqu’il s’embarqua
pour la première fois pour l’Espagne, puis pour le Mexique. Je l’ai suivi dans
ses explorations du Québec … C’était en 1975 et j’ai vu, malgré la neige qui
recouvrait la ville, le monument qui rappelle la naissance de Champlain … à
Brouage.
À Brouage, j’ai vu les
fortifications du plus beau port de mer de Louis XIV … J’ai rêvé à Marie
Mancini et reniflé les parfums d’iode et de sel … Les bateaux appareillaient
pour porter le sel jusqu’aux pays du Nord.
Les pays du Nord … J’y suis passé en 1989, partant pour la
Thaïlande. Je connaissais déjà le Laos.
Je suis né à Rochefort et je
me suis promené dans les « Jardins de la Marine … Par dessus le mur, j’ai
regardé les bâtiments de l’Arsenal. « Tu vois, René Caillé venait ici pour
apercevoir son père, qui était forçat au bagne de Rochefort » … Au bagne
pour une pécadille. René Caillé m’a fait rêver … Je ne suis pas allé à Tombouctou, mais j’ai passé
mon enfance au Maroc, puis j’ai séjourné en Algérie,au Congo … René Caillé est
revenu. Il a été maire de Champagne.
Les « Jardins de la
Marine » m’ont raconté l’histoire des frères Lesson et leurs aventures
dans l’Océan Pacifique. Ils m’ont également parlé de mon arrière-grand-père,
Ludovic Savatier, Médecin en Chef de la Marine, « Le père de la botanique moderne au Japon ». Je suis
allé au Japon, j’y ai trouvé Pierre Loti. Je suis allé à Tahiti où j’ai
retrouvé les traces de mon aïeul et celles des frères Lesson. J’y ai , bien
sûr, retrouvé les traces de Pierre Loti. Des goëlettes m’ont emmené jusqu’à
chacune des îles des Tuamotu, des Gambier et des Îles Sous -Le -Vent.
La bibliothèque du port de
Rochefort et celle de l’ancienne école de santé navale m’ont ouvert les
manuscrits de Colbert du Terron, les journaux de bord de la Méduse, dont
Géricault immortalisa le célèbre radeau, de l’Alcmène, dont une partie de
l’équipage périt en Nouvelle-Calédonie et dont le voyage finit par un naufrage
en Nouvelle-Zélande … Je suis allé en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu.
Au fort Boyard, j’ai
rencontré les mannes de Henri Rochefort … Que j’ai retrouvées à Nouméa … au
bagne ! Dans le cimetière de Rochefort, j’ai vu le monument dédié au
Lieutenant Bellot … Cénotaphe porté par quatre ours blancs … Moi, c’est au
Cap Horn que je suis allé, tout près des banquises de l’Antarctique, et à
Ushuaia.
Dans ma famille, on
parle encore de José Maria de Hérédia, dont la sœur habitait une maison voisine
de celle qui fut la mienne, en Oléron. Une tante de mon père épousa l’un de ses
enfants … Je suis allé aux Antilles et j’y ai séjourné.
J’ai fréquenté les
abords de l’île d’Aix, visité la maison de l’Empereur … Je suis allé aux Îles
Seychelles. Pas à Sainte Hélène !
J’ai vu flotter dans
les airs, au-dessus du pont transbordeur, des ballons : Ballons libres,
ballons captifs, ballons dirigeables … On les construisait dans les usines
Zodiac, à Rochefort. C’est également là qu’est né le canot pneumatique Zodiac …
Mon père en fit les essais à Rochefort et à Boyardville … Nous emportâmes le
prototype, en 1939, jusqu’à Agadir !
J’ai vu décoller, des
bords de la Charente, le « Pou du Ciel », l’ « autogyre »
et le coucou de Maryse Bastié. Et, maintenant, si je les totalisais, mes heures
de vol en surprendraient plus d’un !
Départs …
Départs … Mais il me faudrait parler des champs de colza si
extraordinaires au printemps, des rangs de vigne bleuis par les pulvérisations
de bouillie bordelaise, des forêts de pins, des marais salants et de la faune
avicole qu’ils abritent. Il me faudrait parler des longues plages blondes, des
maisons basses et blanches … Et puis des tours de La Rochelle et du Museum
d’histoire naturelle dans les salles duquel j’ai tant erré.
Mais, à Rochefort, un
jour, je retrouverai sans aucun doute les « Jardins du retour ».