CHANSON POUR CEUX DU CRISTINA RUEDA
Le Cristina Rueda est un bateau espagnol qui tomba en panne de moteur entre Ré et Oléron et qui fit naufrage devant Le Bois - en - Ré le 25 février 1925.
Chant 1
Quand fleurit le chrysanthème de la mer
Violet sur gris et vert
Quand fleurit le chrysanthème de la mer
Le vent souffle tant
Tant écume la vague courant courant
Le vent hurle tant
Un soir de février s’ouvrit le chrysanthème
Carême prenant
Le chrysanthème de la mer
Fleur de mort
Le vent souffle tant
Écume la vague courant courant
Corolle effeuillée par le vent
Entends le vent le vent le vent
Entends le vent carême prenant
Long beuglement porteur de misère
Le vent hurle tant
Fanée la fleur du chrysanthème
Nuages lourds courant dans le ciel noir
Courant vers le couchant
Ô courant !
Fanée sur la mer la fleur du chrysanthème
Longues lames déferlant
Coups sourds sur les sables
Le vent le vent le vent au goût du sel
Long beuglement annonceur de misère
D’où venu ?
Beugle dans le vent taureau blessé à mort
Hurlement du vent
D’où venu ?
Dans la nuit des chrysanthèmes
Longs beuglements annonceurs de misère
O le vent !
Chant 2
La mort n’est rien vois-tu
Entends-tu bien le vent ?
O le cri de la sirène !
Au jour du grand mauvais temps
S’en va passer le goéland
Tout blanc
Indifférent
Aux allées du cimetière
S’en vient marcher le goéland
D’où venu
Sur l’aile du vent ?
Chant 3
Dans le mauvais temps le navire
Haletant frémissant
Navire livré au vent tout vivant
O dans la nuit les déferlantes !
La roue de barre ne gouverne plus
Sous les pinceaux des phares naissent des fleurs
S’éteignent et se rallument
Chrysanthèmes violets ou blancs
Fleurs de la mer fleurs de la mort
Et ces longs beuglements qu’on entend
Du taureau qui va mourir et qui le sait
O le vent le vent le vent !
Le vent pousse à la côte inexorablement
Le navire halète et frémit
Livré vivant au vent au courant
José-Maria Marcelino Léandro Remigio
Bénito José José
Alvaro Grégorio Perfecto
Claudio Antonio Eugénio
Matias le mousse qui n’a que dix sept ans
D’autres encore dont rien n’a recueilli les noms
Dix neuf hommes
De San Sébastian en Corogne
Fleurs de la mer fleurs de la mort
O ce long beuglement du taureau blessé
Qui va mourir et qui le sait !
Chant 4
Ô le cri de la sirène !
Au jour du grand mauvais temps
S’en va passer le goéland
Tout blanc
La mort n’est rien vois-tu
Qu’un grand poisson froid
En cotte d’argent
Il glisse invisible
Indifférent
Infiniment
Le vent le vent le vent dans les volets
Entends sur le toit claquer les tuiles
Entends craquer les arbres dans les bois
Entends sonner la vague
Entends fouetter la pluie
Le Malin frappe chez nous
Celui qui fait les malheureux
Chant 5
Sainte Marie mère des marins
Nous te prions par Saint Jacques
Notre patron
Qu’une barque porta jusqu’à Iria Flavia
En Galice près de Padron
La première baleinière
Emportée par le vent
Dans la seconde nous grimpâmes deux
Que la vague arracha et jeta dans les flots
Sang du Christ !
Comment garder son souffle entre les gorgées d’eau ?
Arracher les bottes et les habits
Nager nager
Roulé tout nu sur le sable
J’ai couru dans la dune
J’ai couru dans les champs
J’ai couru dans les vignes
Sainte Marie mère des marins
L’aurore ne fleurissait pas encore
La mort n’est rien
Qu’un grand poisson froid
En cotte d’argent
Invisible il glisse
Infiniment
Indifférent
Au jour du grand mauvais temps
Entends-tu bien le vent ?
S’en va passer le goéland
Tout blanc
Chant 6
Sainte Marie mère des marins
Nous te prions
Par Saint jacques notre patron
J’ai couru dans les vignes
J’ai couru dans les champs
Jusqu’à cette lumière là devant
Arrivé devant la porte
Nu et les pieds sanglants
Sang du Christ ! Une femme m’ouvre
Sainte Marie mère des marins
Par Saint Jacques notre patron
Qu’une barque porta jusqu’à Iria Flavia
En Galice près de Padron
Veille sur mes dix sept compagnons
Assiste mes amis sur le bateau
Dans le vent et dans les flots
Le chrysanthème refleurit sur la mer
Au jour levé
De la dune on voit l’épave penchée
L’océan gronde et le vent souffle
Ah ! Le vent souffle !
Les embruns et la pluie !
Les nuages courent !
Les marins dans les haubans
Hissent un lamentable pavillon
Chant 7
Premier canot
Safran brisé
Second canot
Pas assez d’eau
Le troisième
On le traîne sur un chariot
Pour le quatrième
Trop de vent beaucoup trop
Fracas de l’océan
Ô le cri des marins là-bas !
Au jour du grand mauvais temps
Entends-tu bien le vent ?
S’en va passer le goéland
Tout blanc
Aux pertuis il accompagne
Un grand poisson d’argent
Ô le cri de la sirène !
La mort n’est rien vois-tu
Qu’un grand poisson froid
En cotte d’argent
Il glisse invisible
Infiniment
Au jour du grand mauvais temps
Entends-tu bien le vent ?
Aux allées du cimetière
S’en vient marcher le goéland
D’où venu
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