DE SAINT
AGNANT À OLÉRON
La route semble toute droite
À bicyclette
Le vent
Le vent
Le vent
À bicyclette
Je me souviens
Une pédale s’est
cassée
À Saint Agnant
Autrefois
C’était il y a
longtemps
Je m’en souviens
La route passait au
beau milieu
De Saint Agnant
Maintenant elle
l’évite
Il y a toujours un
canal
Et des marais à
perte de vue
De l’autre côté du
canal
Passait le train
Le train des huîtres
On disait
Qu’en jetant son chapeau
Qu’en jetant son chapeau
Par la fenêtre du
premier wagon
On avait le temps de
le récupérer
Et de monter dans le
dernier
On disait aussi que
le conducteur
arrêtait le train pour ramasser
arrêtait le train pour ramasser
Des champignons
Il n’y a plus de
trains ni de rails
Et les gens ne
portent plus de chapeau !
Je m’en souviens
très bien
Il y avait au bord
d’un marais
Toujours le même
Un héron cendré
Toujours le même
Ou bien c’était son
frère !
À la saison
d’hiver des milliers de vanneaux
Se posaient dans les prés
Se posaient dans les prés
Des bovins
broutaient
Des pêcheurs à la
vermée somnolaient
En veillant le
bouchon de leurs lignes
Un parapluie mauve
ouvert à leur côté
Prêt à recueillir
les anguilles
Il reste une
maisonnette
T’en souviens-tu
C’était une station
du chemin de fer
Le canal y franchit
une écluse
Et fait une mare
Un matin au moment
où je passais
Les pompiers en sortaient
une auto
L’eau s’égouttait
Les essuie-glaces
fonctionnaient
Les phares étaient
allumés
La portière était
ouverte
La voiture était
vide !
Un chasseur assistait au spectacle
À son bras pendait
une oie blanche
Une oie du Canada
Cou tendu
Ailes ouvertes
Blasphème
Tête ensanglantée
J’ai vu toute une
troupe de cygnes
Un couple de
cormorans filait au ras des près
J’ai vu toutes
sortes de canards
Et même
Le croirez -
vous ?
J’ai vu tout un vol
d’ibis sacrés
Autant que dans le
delta du Nil !
Je n’en croyais pas
mes yeux !
Je n’en croyais pas mes yeux non plus
Lorsque je vis un couple de cigognes
Tout en haut d’un
pylône
C’était nouveau
Aujourd’hui il y a
un nid
Sur chaque pylône
Comme en Castille
Les cigognes
craquètent
Comme à Rabat !
Le train ne passe
plus
Les camions l’ont
remplacé
Mais les camions ne
ralentissent pas
Combien de ragondins
écrasés
La nuit dernière ?
La nuit dernière ?
À partir de Marennes
C’est une autre histoire
C’est une autre histoire
Une histoire de
bouchons
Sur la route
Sur la route
Te souviens-tu
Du Pierre d’Argencourt ?
Du Pierre d’Argencourt ?
On embarquait au
Chapus
Il ne prenait que
des piétons
Te souviens-tu
Des petits bateaux
Des petits bateaux
À peine transformés
Ils n’embarquaient
Que deux ou trois voitures
Que deux ou trois voitures
Tout au plus
Te souviens-tu des
bacs
Ils embarquaient
Une vingtaine d'autos
Une vingtaine d'autos
Tu vois sur le bord
de la route
Ce grand château
d’eau ?
À l’entrée des vacances
La queue des
voitures
S’allongeait jusque là
S’allongeait jusque là
Et maintenant
Bien souvent
Malgré le pont
d’Oléron
La queue des
voitures s’allonge
Tout autant
Tout autant
Faudra-t-il
reprendre le projet
Très ancien
Très ancien
D’un tunnel sous la
mer … ?
Les bernaches se
regroupent
Autour des piliers
du pont !
On ne voit plus les
dauphins danser …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire