mercredi 16 décembre 2015

DE SAINT AGNANT À OLÉRON







DE SAINT
AGNANT À OLÉRON




























La route semble toute droite
À bicyclette
Le vent
               Le vent
Le vent
À bicyclette
Je me souviens
Une pédale s’est cassée
À Saint Agnant


Autrefois
C’était il y a longtemps
Je m’en souviens
La route passait au beau milieu
De Saint Agnant
Maintenant elle l’évite
Il y a toujours un canal
Et des marais à perte de vue


De l’autre côté du canal
Passait le train
Le train des huîtres
On disait 
Qu’en jetant son chapeau
Par la fenêtre du premier wagon
On avait le temps de le récupérer
Et de monter dans le dernier
On disait aussi que le conducteur 
arrêtait le train pour ramasser
Des champignons


Il n’y a plus de trains ni de rails
Et les gens ne portent plus de chapeau !


Je m’en souviens très bien
Il y avait au bord d’un marais
Toujours le même
Un héron cendré
Toujours le même
Ou bien c’était son frère !



À la saison d’hiver                                                                         des milliers de vanneaux 

Se posaient dans les prés
Des bovins broutaient
Des pêcheurs à la vermée somnolaient
En veillant le bouchon  de leurs lignes
Un parapluie mauve ouvert à leur côté
Prêt à recueillir les anguilles


Il reste une maisonnette
T’en souviens-tu
C’était une station du chemin de fer
Le canal y franchit une écluse
Et fait une mare
Un matin au moment où je passais
Les pompiers en sortaient une auto
L’eau s’égouttait
Les essuie-glaces fonctionnaient
Les phares étaient allumés
La portière était ouverte
La voiture était vide !


Un chasseur assistait au spectacle
À son bras pendait une oie blanche
Une oie du Canada
Cou tendu
Ailes ouvertes
Blasphème
Tête ensanglantée


J’ai vu toute une troupe de cygnes
Un couple de cormorans filait au ras des                                   près
J’ai vu toutes sortes de canards
Et même
Le croirez - vous ?
J’ai vu tout un vol d’ibis sacrés
Autant que dans le delta du Nil !
Je n’en croyais pas mes yeux !






















Je n’en croyais pas mes yeux non plus
Lorsque je vis un couple de cigognes
Tout en haut d’un pylône
C’était nouveau
Aujourd’hui il y a un nid
Sur chaque pylône
Comme en Castille
Les cigognes craquètent
Comme à Rabat !


Le train ne passe plus
Les camions l’ont remplacé
Mais les camions ne ralentissent pas
Combien de ragondins écrasés 
La nuit dernière ?


À partir de Marennes 
C’est une autre histoire
Une histoire de bouchons 
Sur la route
Te souviens-tu 
Du Pierre d’Argencourt ?
On embarquait au Chapus
Il ne prenait que des piétons
Te souviens-tu 
Des petits bateaux 
À peine transformés
Ils n’embarquaient 
Que deux ou trois voitures
Tout au plus
Te souviens-tu des bacs
Ils embarquaient 
Une vingtaine d'autos



Tu vois sur le bord de la route
Ce grand château d’eau ?
À  l’entrée des vacances
La queue des voitures 
S’allongeait jusque là
Et maintenant
Bien souvent
Malgré le pont d’Oléron
La queue des voitures s’allonge 
Tout autant
Faudra-t-il reprendre le projet 
Très ancien
D’un tunnel sous la mer … ?


Les bernaches se regroupent
Autour des piliers du pont !
On ne voit plus les dauphins danser …

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