vendredi 20 septembre 2013

EST-CE UN ADIEU ?







          EST-CE 

          UN ADIEU ?



                        



C’est un adieu ? … Ou c’est un au revoir ? Je suis parti. J’ai vendu ma maison et je suis parti. La maison que m’avaient laissée mes parents, celle que j’avais agrandie …. Dans le jardin, mon père cultivait des salades et des haricots verts … Moi, j’avais tout transformé : J’y cultivais des fleurs, rien que des fleurs : J’aime les roses, les roses de toutes formes et de toutes couleurs, les « Pierre de Ronsard » et les « Madame Meilland », les « Vendée Impériale » et les « Éric Tabarly ». J’avais planté beaucoup de rosiers, des rosiers de massifs et des rosiers grimpants … Les saisons se succédant les unes les autres répandaient les giroflées ou les pensées, les cosmos légers, les cyclamens … Le mûrier que j’avais planté avait atteint son âge adulte, tous les hivers je coupais ses branches que chaque printemps faisait repousser …  Le puits … La resserre, la treille qui grimpait sur le mur … La rocaille garnie de thym et de romarin … Les mésanges et les chardonnerets, les tourterelles, parfois la visite d’une huppe fasciée …

                        



Le garage, au fond de l’impasse … Le séjour, vaste, lumineux … La bibliothèque garnie de livres … Les chambres … La cheminée.
Les tableaux accrochés aux murs …

-               «  Hein ! – Elle est plus vaste que tu ne le pensais, ma maison ! Quand on passe dans la rue, on ne devinerait jamais qu’elle est si grande ! »

Murs blancs, comme il convient dans l’île … Toits de tuiles romanes … Comme il convient  … Un seul étage, comme une bonne maison oléronnaise … Et j’avais posé une plaque sur un mur pour baptiser l’impasse de mon prénom : « Impasse Saint-Michel » … Cela faisait rigoler mes amis … D’autres l’avaient mal pris.





Cette maison était à moi : Ce n’était peut-être pas très original, mais je l’avais dénommée « Clair Matin » … Cela avait été le nom de la villa de mon grand-père, quand il habitait à Royan. 
Ma maison est toujours là, dans la rue de Saint-Pierre, à Saint Georges … Elle se trouve du côté droit quand on se dirige vers le cœur du bourg.

Pourquoi je l’ai quittée … 
Pourquoi je l’ai vendue ?

-               « C’est un arrachement, non ? »

Oui, c’est un arrachement … Mon ami, Gérard Delsuc, lorsque je lui ai annoncé mon départ s’est tout de suite exclamé :

-               « Ah, non ! Pas vous ! »

Il avait compris que c’était un arrachement, mais en comprenait-il les raisons ?

                                    

Mes aïeux sont arrivés à Saint-Georges vers l’année 1650. Ils arrivaient de Saint-Félix, qui se trouve aux environs de Chalais, sur les buttes crayeuses de la « Haute Charente ». Ils étaient marchands. Marchands de quoi ?

Eh ! Que pouvait-on bien vendre d’autre que du vin et du sel quand on s’installait dans l’île d’Oléron à cette époque ?






         Ils étaient deux frères, qui débarquaient à Saint-Georges. L’un des deux est reparti lorsqu’il a perdu son épouse, non sans avoir  laissé une descendance …L’autre s’est marié avec une jeune femme issue de la famille Bruneau, qui habitait à la Jousselinière. C’est mon ancêtre direct. Il a dû faire de bonnes affaires, puisqu’on le retrouve « propriétaire » et sa descendance porte le même qualificatif … De sa descendance, on notera un personnage qui représentera l’île d’Oléron au Conseil Départemental, à Saintes, pendant la période révolutionnaire. On trouve ensuite un Maire de la commune, puis un Médecin de Marine : Ludovic, lequel fut un grand savant naturaliste auquel les Japonais et le muséum d’histoire naturelle de Paris doivent beaucoup. Ludovic, dont on a pu dire qu’il « ne traîna pas dans les ports de France » promena son regard de naturaliste tout autour du monde, des comptoirs de l’Inde à la Martinique puis à Tahiti. (Voir : « L’Oeillet d’Oléron – Le Lys du Japon », aux éditions du Croît-Vif)

                           



Lorsqu’il prit sa retraite, il fit bâtir une grande et belle maison bourgeoise que l’on peut encore voir dans la rue de la République, à Saint-Georges, bien sûr. Mon père, ensuite, fut Maire de sa commune.  Tous les miens, depuis le dix-septième siècle sont enterrés ici : Sous la place de Verdun, puisque cette place a été aménagée sur l’ancien cimetière de la commune, puis dans le cimetière actuel …  Tous les miens, à l’exception de mon grand-père, Léon, qui a été enseveli à Madagascar … Où est né mon père, Lucien.

-               « Et tu as pu quitter tout cela ? –Tu as pu arracher toutes ces racines ? »


« Racines … Tu parles de racines  … Effectivement, là sont mes racines et je n’en ai point d’autres ailleurs : J’ai tellement couru le monde ! … Nous avons tellement couru le monde ! … J’ai un fils qui est né à Nouméa, une sœur qui a vu le jour dans le Sud marocain, des neveux et des nièces qui sont nés aux quatre coins du monde, des petits-enfants qui se trouvent en Polynésie et à la Réunion  … Mon père était né à Majunga, dans l’île de Madagascar, mon grand-père à Yokohama, au Japon, comme ses deux sœurs … Alors, que veux-tu ?

                         

Là sont les miens : Dans cette terre où tous sont revenus, dans cette terre où j’ai planté des rosiers, je reviendrai moi aussi, lorsque les temps seront venus … Tout près de cette église qui fait le gros dos au centre du village … Un village qui est resté ce qu’il était au siècle dernier … On a bien essayé de lui faire étendre le bras pour le réunir au bourg voisin de Chéray, mais sa situation, à l’écart de la route principale a fait qu’il est resté à peu près identique à ce qu’il était au siècle dernier.  On n’y trouve pas encore de « champs de maisons » sur des parcellaires rectangulaires : maisons sans caractère, maisons sans âme !

Mais je parle de maisons sans âme … Mon village a-t-il encore une âme ? … C’est bien là que je veux en venir …
Et c’est pourquoi je suis parti … On trouve parfois, sur la plage, à la laisse de haute mer, dans le cordon de varech que la vague a laissé et qui sèche au soleil … On trouve parfois un crabe mort : Il a encore toutes ses pattes et sa carapace est intacte … On le dirait vivant … Quand on le prend dans la main, les pattes se brisent … Il est mort, sec, inutile …


L’un de mes amis très chers, qui habite au loin, me disait un jour :

         « Votre île est une île fantôme ! »

Fantôme de crabe, sans vie, destiné à la poussière … Apparemment intact encore, mais vide, mort, sans âme …

   



         Comme beaucoup d’endroits sur le littoral, l’île d’Oléron perd son âme … Elle l’a déjà perdue ! Venez en Oléron l’hiver … En automne même … Mon village est vide : La rue dans laquelle j’avais ma maison est bien longue, mais, l’hiver, on n’y peut guère compter plus de quatre portes ouvertes. Ce n’est qu’aux beaux jours que les fenêtres s’ouvrent un peu … Le temps d’un week-end, guère plus. Il n’y a plus un seul artisan. Il n’y a pratiquement plus de commerces de proximité, il n’y a plus de chais à vendange, il n’y a plus un seul agriculteur … Le dernier tracteur est en train de rouiller au fond d’une cour … Quelques retraités arpentent les sentiers de forêt … Quelques vieux, on le sait, se retrouvent en petits cercles, en petits clubs, pour se répéter les uns les autres que l’on n’est pas morts encore tout à fait … L’église est à peu près vide le dimanche … Je l’ai connue débordante, même en hiver … Il est vrai qu’il n’y a plus de curé et que, pour donner l’impression qu’il y a encore des paroissiens, on les réunit tous dans la même église, le dimanche … Tous les gens de l’île entière … Il n’y a plus qu’un seul Curé pour l’ensemble de l’île … Deux, si l’on compte celui, bien âgé, qui réside au Château … Même les bonnes sœurs sont parties en laissant leur couvent vide ! … Elles étaient installées là depuis le dix-septième siècle …
                                









          
      La forge du maréchal ne résonne plus. Le rabot du sabotier s’est tu à jamais, les épiceries ont toutes fermé, à l’exception de la « coopérative » qui vivote pendant presque toute l’année en attendant la clientèle des vacances. Combien de temps tiendra-t-elle, la « Coop. » ? Combien de temps tiendra-t-elle face au monopole des grands de la distribution ?  … La « grande distribution » ne cesse de devenir de plus en plus « grande ». Elle vise tout, elle avale tout, elle recouvre tout … Pendant combien de temps encore trouverons-nous du pain frais à notre porte ?

Boucheries, merceries, quincailleries, drogueries, magasins de prêt à porter, graineteries, boutiques de fleuristes, crèmeries, poissonneries, stations services, garages et pompes à essence … Y a-t-il quelque chose qui puisse survivre ? Même les librairies ne pourront survivre, même les cafés, même … L’appétit des « grandes surfaces » est sans limites … Et mon village y a perdu la vie. On peut encore aller acheter son journal au tabac, sur la place, on y trouve aussi un bureau du « Loto » de la française des Jeux, mais pour combien de temps ?





L’âme du village est partie … Même dans un village où il n’y a plus grand monde, il pourrait y avoir une âme … Mais va donc !  Ce sont les voitures qui ont fait disparaître l’âme des villages : On sort de chez soi en voiture, toutes portes fermées et les vitres soigneusement relevées … On gagne sa destination et … On revient chez soi en voiture, toutes portes fermées, toutes vitres relevées. Je me souviens de « Compagnon », qui demeurait à côté de chez mon oncle Marc, jusque dans les années cinquante : Il passait la matinée assis sur un banc de pierre, devant chez lui … Il prenait le soleil et regardait passer les piétons, il les saluait … Il les connaissait tous ! Il regardait passer les vélos, et beaucoup de cyclistes s’arrêtaient pour parler un peu … Le charrettes passaient dans le crissement des jantes ferrées : On se faisait le bonjour !





Maintenant, je vous le jure … Si par hasard, et c’est bien rare … Si par hasard vous rencontrez quelqu’un dans la rue … Une vieille dame qui sort son chien, un couple de vieux qui prend de l’exercice en faisant sa promenade … Si vous rencontrez quelqu’un, lorsque vous le regardez bien en face et que vous lui dites bonjour … Il, ou elle, regarde la pointe de ses souliers  … Des fantômes, je vous le dis, des ectoplasmes, et chacun rentre chez soi en maugréant peut-être contre les services municipaux qui ne sont pas encore passés pour ramasser les poubelles !





L’avez-vous remarqué, Monsieur ..  Avez-vous remarqué que l’on n’entend plus, dans mon village .. On n’entend plus, le matin, un seul coq chanter ! Les coqs … Ils sont où ? … Pour que chez Leclerc on achète une barquette de coq au vin ? Plus de coqs, plus de vie et l’on ne voit plus la fermière penchée au bord du chemin, son couteau à la main, son panier … On ne voit plus personne cueillir le pissenlit ou la doucette pour nourrir les lapins. La cloche de l’église sonne les heures encore, mais ce n’est pas sans qu’il se trouve quelqu’un, aux mois d’été, pour protester qu’elle l’empêche de dormir !

Alors, que font-ils, les gens de mon village, pendant l’hiver ? – Ils vont au « club » ! … Petits cénacles : On joue au loto  le dimanche … Ah ! Ce loto ! On organise parfois des « thés dansants », à la salle des fêtes du Trait d’Union, (le Trait d’Union, c’est là que se trouve le bureau de poste, c’est là que se trouvent les écoles, la salle des fêtes aussi, entre le bourg de Chéray et celui de Saint-Georges).. En plus petits groupes, de quelques individus seulement, on se retrouve pour « faire » de la peinture sur porcelaine :

-               « Et puis, nous irons voir le Maire. Il faudra bien qu’il nous paie un four à porcelaine … »

On s’est fait allouer un local, dans une école désaffectée ou ailleurs … pour y loger le club de photo .. 

 «  Ah ! La mairie nous paiera bien le matériel nécessaire ! »

On se réunit pour faire de la gymnastique, pour faire de la peinture … Que sais-je ? … De la musique, du patch-work.

Autant d’activités très sélectives … Qui fournissent des occasions de partager des « vins d’honneur ».
Mais les nouveaux venus ne sont pas toujours les bien venus … On les regarde souvent avec suspicion :  Dame, on est vice-président ou président … « Que vient-il faire, celui-là ? – Me prendre ma place ? »

Autant de petits clans, autant de petites histoires, autant de sous-entendus et finalement … Toujours aussi peu d’âme !





Ne parlons point des élections, ni de la municipalité … Il semble bien que tous les candidats, lors des élections, ne le soient que pour se donner un statut, des occupations, ou pour « placer » le petit-fils, la belle-fille : Il y a si peu d’emplois dans l’île d’Oléron, en dehors de la période estivale ! … Autrefois, on se présentait bien aux élections pour défendre sa profession … Pour défendre les agriculteurs, ou pour défendre les commerçants … Mais il n’y a plus d’agriculteurs, et il n’y a plus de commerçants ! Alors … Alors, comme me le disait un jour Christian Normandin, qui est mort maintenant :

-               «  Je n’ai pas envie de m’ennuyer  Il employait évidemment un mot beaucoup plus cru) … C’est pour ça que je me présente ! »

Des jeunes ? … Il en reste si peu dans mon village ! … Les enfants quittent la commune dès qu’ils entrent au collège de Saint-Pierre, puis ils vont au lycée, à Bourcefranc ou à Rochefort ou même à Saintes et à La Rochelle … Ils ne reviennent pas … Que voulez vous qu’ils fassent de leurs diplômes, ici ?  Alors, les jeunes … Les quelques-uns qui demeurent … Ils n’ont guère d’activités … On en voit quelques-uns, en petits groupes, sous les halles, avant que la nuit ne tombe : Ils sont le plus souvent inoccupés … Ils fument … Ils boivent … Quoi encore ? … Ils sont moroses …Ils essaient d’exister … Et ne prennent pas toujours le bon chemin …

J’avais, dès les années cinquante, essayé une formule pour exprimer cela :

-               «  Oléron, cela devient une maison de retraite pendant l’hiver et un terrain de camping pendant l’été ! »

Un terrain de camping … Ah ! Bien « ouiche » ! … Pendant sept ou huit mois de l’année, Oléron est bien devenue une maison de retraite, mais pendant le reste du temps, à la belle saison … C’est devenu l’arche de Noë !  Vous savez, dans l’arche de Noë, avec tout le monde qu’il y avait là-dedans, on devait être sérieusement tassé !

Eh bien, pendant trois mois, on ne peut plus sortir de chez soi, quand on habite en Oléron : Pouvez vous seulement ouvrir votre porte à deux battants, pour vous engager sur la voie publique ? … La voie publique : On ne sait plus ce que c’est … D’abord les chaussées sont si mal entretenues que l’on se croirait dans un pays qui ne serait pas encore en voie de développement … Et puis, ça défile, ça défile … J’ai connu des jours où, ayant l’intention de me rendre à Saint-Pierre, je suis passé par Chéray pour ne pas prendre la départementale qui passe devant chez moi et qui est si dangereuse … Je me suis arrêté à Saint-Gilles et … j’ai fait demi-tour ! Heureusement que j’ai pris cette décision : Je crois bien que les files de voitures qui stationnaient dans les deux sens m’auraient obligé à rester là jusqu’au lendemain ! Et que dire des difficultés de passage aux feux de Chéray, à ceux de Saint-Pierre, à ceux de Dolus … Que dire des difficultés que l’on peut avoir pour sortir de l’île, à l’intersection des routes de Dolus et de Saint-Trojan ! … Que dire des difficultés pour entrer dans l’île : Les voitures font la queue depuis les abords de Marennes ! Thrombose … Thrombose … Comme au bon vieux temps où le pont n’avait pas encore été construit !

Avez-vous essayé de garer votre voiture au Château, le dimanche matin, pour aller au marché ? Avez-vous essayé de vous garer à Saint-Pierre, les jours où la foire occupe la place Gambetta ? Avez-vous essayé de garer votre voiture à Foulerot ou à Plaisance, lorsque vous avez eu envie d’aller à la plage ? – C’est tout simple, les voitures se mettent où c’est possible, partout où c’est possible, et même où cela ne devrait pas être possible : Sur le bas côté, des deux bords de la route, entre les pins, dans les sables …






Impossible  à partir d’une certaine heure, impossible de dénicher un créneau pour s’y infiltrer … Et comme les routes sont étroites, les voitures garées sur les bas-côtés laissent tout juste la place suffisante pour que celles qui circulent puissent passer ! Je ne parle pas de La Cotinière … Les étalages se sont si bien multipliés dans les rues et le port est si attractif qu’on ne peut plus entrer dans le village … C’est ça qu’on appelle des vacances ? … Tout juste si les ambulances parviennent à passer !

– Tiens, les ambulances, j’avais oublié de parler de la situation sanitaire des habitants d’Oléron : L’hiver, il y a bien des médecins, mais ils rechignent  à assurer un service de garde, particulièrement pendant les week-ends et aussi pendant les nuits. En cas de besoin, il faut appeler les pompiers ou le Samu … Dans le meilleur des cas on vous évacuera vers l’hôpital de Rochefort … Qui se trouve tout de même à plus de  cinquante kilomètres ! L’été, c’est la même chose avec, en plus, la difficulté de circulation due aux thromboses routières …Rien à reprocher cependant aux pompiers : Ils sont rapides et efficaces … On entend souvent leur sirène, aux beaux jours : Encore un noyé !

Mais où sont donc les Oléronnais, pendant la saison d’été ? – Ils sont dans les boutiques, essayant de gagner en trois mois de quoi vivre pendant douze mois … Ou bien vous les trouvez derrière leurs étalages, à chacun des vide-greniers qui sont devenus traditionnels dans tous les villages, ce qui fait qu’il y en a un nombre considérable.

Où se concentrent les efforts de développement ? … Dans l’augmentation des densités d’équipement en terrains de camping pour mobile-homes, dans l’installation d’un complexe aquatique, déficitaire comme tous ses semblables, dans les projets de création d’un casino … J’en passe, et des meilleures ! Tout, à peu près tout est orienté vers les équipements pour attirer de plus en plus de vacanciers …  Pendant ce temps-là … Pendant que l’on construit toujours plus de maisons … Qui resteront vides et fermées la plupart du temps …

« Mais les taxes foncières, Monsieur ! »

Pendant ce temps-là, les jeunes actifs (il y en a tout de même !) ne trouvent pas à se loger et sont contraints, souvent, d’aller habiter à Bourcefranc, à Marennes, à Saint-Just, même !

Je sais bien … Je lisais quelque chose là-dessus encore l’autre jour … Je sais bien que le Maire de Saint-Raphaël fait le même constat et qu’il en est de même à peu près dans toutes les villes du littoral … Mais soyons persuadés qu’il n’y a qu’une seule solution : Créer  des emplois à l’année et développer l’habitat social ...

Difficile ?  - «  C’est comme ça partout, me disait un édile  résigné … »

Est-ce une raison pour baisser les bras ? – La qualité très modeste de ma réflexion me conduit à penser que, si l’on considère, par exemple, le nombre de camions qui passent le pont avec des chargements complets … Si l’on fait l’analyse de ce qu’ils transportent … Si l’on se demande ce que les Oléronnais pourraient produire chez eux au lieu de l’importer …

Combien de camions entrent-ils dans  l’île au début du mois de novembre avec leurs pleins chargements de pots de chrysanthèmes que nous vendront les jardineries ? – Et alors ?… Il n’y a pas assez de terrains en friche en Oléron ? On ne peut pas faire pousser des chrysanthèmes en Oléron ? … Regardons à trente kilomètres de là : De l’autre côté du pont de Rochefort, des horticulteurs venus de Saint-Just ont installé un établissement gigantesque dans lequel on cultive et on vend des géraniums … Les Oléronnais ne sont pas capables d’en faire autant ?





Je ne pousserai pas plus loin l’examen des possibilités, mais … croyez-moi, il y en a ! Je suis persuadé que le « regain » est possible, à condition de relire Giono et à condition de ne pas viser toujours au plus facile.

La pêche ? - Bien sûr, il faut soutenir les marins pêcheurs de la Cotinière ! … Mais ces marins eux-mêmes ne nous crient-ils pas leur désarroi : Ils souffrent et le poisson se fait rare, les carburants sont trop chers   … - « Plus rien à perdre ! » avaient-ils écrit sur les murs de Saint-Pierre » aux derniers jours de crise.

L’ostréiculture ? – Bien sûr qu’il faut soutenir les ostréiculteurs : - Ils font la renommée du bassin de Marennes-Oléron  … Mais les petits ostréiculteurs ne souffrent-ils pas, ne se raréfient-ils pas ? Ne nous explique-t-on pas que les huîtres ne se reproduisent plus comme autrefois, qu’elles sont de plus en plus difficiles à produire ?

La vigne ? – les vignobles couvraient la quasi totalité de l’île  … La crise est passée par là … Quelques producteurs ont compris mieux que les autres : Ils font des vins de qualité, maintenant … Mais les possibilités ont leurs limites …

Et pourtant, c’est bien dans cette direction-là qu’il faudrait orienter les réflexions : Produire ! Produire ! … Ne pas se limiter aux activités mercantiles, ne pas se satisfaire de l’assistanat, mais développer les activités de production … C’est à cette condition qu’Oléron ne se résignera pas à être « Une maison de Retraite pendant l’hiver et un terrain de camping pendant la saison des vacances » .


















         Si je suis parti, c’est un peu parce que Raoul Pelletier est mort … Mort comme à peu près tous mes vieux copains oléronnais : Ils ne sont pas nombreux ceux que j’ai connus et même … 

Vous souvenez-vous de mon vieil ami Dédé Videau ? … Il prenait l’annuaire du téléphone, pointait son doigt sur la colonne des noms des abonnés :

-               «  Il n’y en a plus, des Oleronnais : Il n’y a plus que des gens venus d’ailleurs ! » … Son doigt descendait la colonne :
-               «  Ah ! Si ! Tiens, en voilà un ! »

Si j’ai quitté mon île, c’est parce que, l’âge étant venu, je ne supporte plus d’être le spectateur passif d’une catastrophe évitable : La mort de cette terre sur laquelle nos aïeux ont tellement lutté … Si ce n’est sa mort, ce que l’on peut craindre avec de bonnes raisons, c’est la léthargie, le sommeil de l’hibernation et surtout … La banalisation.

 Pour l’instant, Oléron est entrée en léthargie et les vacanciers qui la fréquentent ne font pas une société vivante. Quelques bardes font le bonheur des chaînes de télévision en parlant d’autrefois …






J’ai essayé de lutter … Je n’ai pas été entendu : Les intérêts particuliers étaient trop importants pour ne pas occulter l’écoute. Il faut espérer que la lucidité viendra … Un jour ! … La lumière est tellement belle au petit matin, en Oléron … Les petits matins sont toujours porteurs d’espoir !

En avril les grands pins lâchent leur pollen, les routes sont parsemées de grandes flaques jaunes …. Le pollen, c’est la vie !



                                               

































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