Quelques considérations sur les problèmes d’urbanisme …
Les "maisons de papier"
N’ayant aucune compétence
particulière quant aux règles d’urbanisme …. Sinon celles que donne le grand
âge et les occasions que fournissent les voyages … Il m’est peut-être permis de
livrer quelques réflexions aux Oléronnais.
Oléron, se présente (ou se
présentait) comment,
en matière d’occupation des sols ?
Oléron, me semble-t-il se
caractérisait par une abondance de villages et de hameaux.
Le cas du Château d’Oléron doit être mis à part, car l’ancien
régime en avait fait une place forte.
( Une grande partie de
l’ancien village avait été détruite sur ordre du Roi pour édifier la
citadelle.)
*
La baraque de commercialisation ...
Originellement, la plus grande
partie des terres appartenait à des Abbayes et des Prieurés. L’habitat s’est
donc regroupé autour de ces entités régulières. Par conséquent, la plupart des
bourgs ont été bâtis autour des églises.
La subsistance étant assurée
par le travail dans les marais-salants, sur les terres céréalières et dans les
vignobles, des villages se sont disséminés au plus près de la ressource. C’est
la raison de la dispersion et du grand nombre de hameaux, dont certains étaient
vraiment petits et décentrés par rapport aux bourgs.
La plupart de ces hameaux
étaient pourvus d’une chapelle, centre de regroupement dans la ferveur.
L’implantation de l’habitat,
comme partout ailleurs, était déterminée, en outre, par les besoins de la vie
collective : existence de points d’eau, installation de l’artisanat (
La forge, par exemple, nécessaire à toute vie agricole, saunière ou aux
activités maritimes …)
On peut aussi considérer que les regroupements de
fermes et de maisons ont été favorisés par l’implantation des foires et des
marchés. L’implantation des Mairies, à partir du dix-huitième siècle, à joué un
rôle.
L’implantation
des commerces de détail a joué un rôle considérable à partir du dix-huitième
siècle.
L’ouverture des ports a favorisé également le
regroupement attenant.
Enfin, à partir de l’organisation du territoire issue
des travaux de le Convention Nationale, le choix des limites des Communes,
celui des Cantons, a joué un rôle déterminant : Implantation des instances
administratives, des instances judiciaires, fiscales, des instances policières
et enfin le choix des implantations des services médicaux et scolaires …
En ce qui concerne le choix des implantations
d’écoles, évidemment, la densité de la population regroupée a joué un rôle
prépondérant … Compte-tenu du fait que le réseau des routes était très
insuffisant jusqu’à une époque recente, puisqu’on peut estimer que son
développement ne sera entamé qu’à partir de la construction du phare de
Chassiron !
L’ensemble de ces facteurs, auxquels ont dû s’ajouter,
plus récemment, la création des réseaux de distribution (Électricité, eau
courante, évacuation des déchets …) a
déterminé les caractéristiques de l’urbanisme en Oléron : Villages
resserrés, maisons adossées les unes aux autres, basses pour mieux résister au
vent, quéreux, venelles et chais … Agglomérations relativement peu importantes,
petits hameaux dispersés …
Construction ...
Tous ces facteurs ont « fait » Oléron, celui
que Pierre Loti célèbre tant !
Ce temps n’est plus, et Oléron a changé … Oléron
change avec une vitesse importante : Maintenant, les terres ne sont plus
travaillées et les paysans sont rares … Auront-ils bientôt disparu, suivant en
cela les sauniers.
Exagérant à peine, on peut dire que la majorité des
actuels habitants d’Oléron ne sont que des saisonniers, profitant de la saison
estivale ou profitant des estivants !
Les facteurs que nous examinions tout à l’heure se
sont modifiés ou bien ont disparu : La spiritualité qui regroupait les
gens autour du clocher s’est modifiée, les puits qui assuraient la vie ont été
fermés, remplacés par les adductions d’eau courante … Les écoles se sont fermées
ou bien ont été déplacées car le réseau routier permet les déplacements rapides
et sûrs. Les commerces de détail ont, dans la plupart des cas, disparu au
bénéfice de la grande distribution implantée aux lieux centraux. Les maisons
bourgeoises, construites à proximité des églises et des places publiques sont
devenues, pour beaucoup d’entre elles, des demeures estivales. Les
administrations et les services se sont éloignés, bénéficiant eux-aussi de
l’extension des réseaux routiers et des moyens de communication (Et ce n’est
pas fini : Les réformes du découpage administratif ne font que
commencer !)
Disons-le tout de go : Oléron n’a plus d’autre
finalité que la plage et la période estivale …
Alors, on peut construire n’importe où, n’importe quoi
et sur n’importe quel plan …
À la limite, il pourrait ne plus y avoir en Oléron que
des mobile-homes dont on emporterait à la décharge les carcasses lorsqu’ils
auraient joué leur rôle pendant un certain nombre de saisons estivales !
On pourrait aussi remplacer les mobile-homes par des
« maisons de papier » … après tout, il suffit d’un toit pour
s’abriter pendant quelques semaines … Le papier ? On le froisse et on le
jette ensuite !
Où construire ? … Mais n’importe où, puisque les
agriculteurs ne revendiquent plus les terres … Comment construire ? …
Eh bien … On a commencé il y a déjà quelques années : Dans les Près
Vallet, à St. Georges, aux abords de St. Pierre … Maintenant, c’est encore à
St. Georges dans les terres que j’ai connues plantées en vignes, sur la route
qui va du bourg à Plaisance …
On amène une grue, elle dépose tout autour d’elle des
panneaux que l’on ajuste les uns aux autres,
des charpentes que les camions ont apportées toutes prêtes … La grue tourne un
peu, dépose ses matériaux sur un périmètre choisi pour raisons économiques et voilà : un ensemble de maisons
est sorti de terre, sur un plan en damier, la plupart du temps … Maisons toutes
identiques ou presque, disposées sur un plan en damier, entourées par un petit
jardin … On a vu construire, il n’y a pas si longtemps, un village entier (La
Goëlette, si je ne me trompe …) près du cimetière de St. Georges) … Je n’en dirai point de mal au point de vue de
l’esthétique, mais je n’arrive pas à admettre que tout cet ensemble soit
entouré de murs et que l’on ait, en fait, construit un quartier réservé !
Oléron … On comprend que ces villages de maisons
basses, resserrées autour du clocher ou bien autour du puits … On comprend
qu’un siècle nouveau emporte les images d’autrefois … Puissent la convivialité
et les relations humaines n’en point pâtir ! … En tout cas, Oléron ne sera
plus Oléron !
Les relations d’été font rarement des relations
humaines suivies et fortes ! … On va à la plage, on joue aux boules … Et
puis … On reprend la voiture et on rentre à la maison !
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