HISTOIRES SOUS
LE
VENT DES ÎLES
Je venais de redescendre le rude
escalier de pierre qui permet d’accéder au clocher de l’église de Saint Georges.
Mai Mais … L’église de Saint
Georges n’a pas de clocher ! »
-
« Il
est vrai … Il est vrai … Mais elle a un campanile. Je disais donc que je venais
de redescendre le rude escalier de pierre qui permet d’accéder au campanile …
J’y étais monté simplement pour vérifier les inscriptions que l’on m’avait
signalées sur les flancs de la cloche. Elles étaient bien là, très visibles,
facilement vérifiables : Deux noms et un prénom …
-
Savatier :
- C’est le nom de mon arrière-grand-père, Un grand savant naturaliste.
-
Salmon :
- Je me souviens qu’il y eut jadis un Notaire de ce nom là …
Ces deux noms sont certainement ceux des donateurs.
Le
prénom est celui d’une femme : C’est peut- être
celui que l’on a attribué à la cloche – C’est
la coutume !
-
«
On peut lire : Léocadie ! … Soit ... Elle et son époux devaient,
eux-aussi faire partie des donateurs …
Redescendant du
clocher … Du campanile, soit ! … Redescendant du campanile, je me dirigeai
vers le cimetière pour retrouver mon ami Jonathan … Jonathan le goéland … Il
vient se réfugier là lorsque la tempête menace …
Dans le cimetière de Saint Georges ou celui de
Saint-Denis.
Il était bien là,
mon ami. Je le trouvai dans l’allée principale. Il faisait les cent pas … Il me
montra une stèle – Ô pas très imposante ! L’épitaphe était à peu près
illisible, mangée par la mousse … On y distinguait un nom, cependant :
Hérédia …
Hérédia ! –
Quelques vers me revenaient en mémoire :
« Comme
un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de
porter leur misère hautaine,
De Palos de
Moguer routiers et capitaines
Partaient,ivres
d'un rêve héroÏque et brutal.
Ils allaient
conquérir le fabuleux métal
Que Cipango
mûrit dans ses villes lointaines,
Et les vents
alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords
mystérieux du monde occidental.
Chaque
soir,espérant ses lendemains épiques,
L'azur
phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait
leur sommeil d'un mirage doré;
Ou penchés à
l'avant des blanches caravelles,
Ils
regardaient monter en un ciel ignoré
du fond de l'Océan des étoiles
nouvelles. »
(Les Conquérants )
Mon ami Jonathan,
Jonathan le goéland m’apprit ce qui suit :
-
«
Ne laisse pas divaguer tes rêves, me dit-il : José Maria de Hérédia n’est
pas enterré ici, c’est sa sœur Léocadie qui repose en cette tombe … Les Hérédia
sont originaires d’Espagne et comptent au sein de leur famille une lignée de conquistadors … Ils ont
fait souche à Cuba, après Haïti …
-
Don
Domingo est le père de José-Maria. Il est le père, aussi de trois filles :
Minette, Léocadie et Maria. Léocadie épousera Jules Raoulx, originaire de Saint
Georges d’Oléron … Ce dernier était installé comme planteur à Cuba.
-
Les
évènements qui conduisirent cette île à l’indépendance ramenèrent la famille
Raoulx en Oléron. Jules et Léocadie s’installèrent à Saint Georges, dans une
maison qui existe toujours …
L’histoire
de la famille est racontée dans le menu détail en un livre intitulé « Les
yeux Noirs », dont l’auteur s’appelle Dominique Bona. Il est publié par la
librairie J.C. Lattès et … Son contenu vaut … son pesant de cacahuettes !
… (Je vous le garantis !). Mais ce sont les aventures des trois filles de
José Maria de Hérédia qui sont l’objet unique du livre en question … Jonathan
le goéland me le certifia, lui qui sait tant de choses … De Léocadie, il n’est
pas du tout question …
Alors, il faudra,
jusqu’à ce que Jonathan m’apprenne quelque chose de nouveau, me contenter du
peu que je sais … José Maria de Hérédia est-il venu lui-même quelques fois en
Oléron ? … L’une quelconque de ses trois filles :
Hélène, Marie, Louise … ? L’un quelconque de ses
trois illustres gendres : René Doumic, Henri de Régnier, Pierre
Louys ? … Les stations à la mode furent, par eux, plus souvent fréquentées
que l’île d’Oléron …
-
« Mais
si j’apprends quelque chose de nouveau, me dit Jonathan le goéland … Je ne
manquerai pas de t’en avertir !
Et,
comme la tempête annoncée ne se faisait pas du tout effective, Jonathan, d’un
coup d’ailes, prit congé de moi.
-
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