dimanche 11 août 2013

AUX CHAMPIGNONS !












                                                         




AUX CHAMPIGNONS …






Quand on parle de champignons, il faut faire attention à ce que l’on dit : Je ne suis pas un spécialiste de mycologie et je ne me hasarderais pas à donner des conseils en matière de ramassage de champignons. Faites toujours bien attention : Ne ramassez pas les champignons que vous ne connaissez pas … Montrez les à quelqu’un de confiance ou montrez-les au pharmacien avant de les cuisiner et de les manger. Les accidents sont trop fréquents et trop graves pour qu’on laisse faire des imprudences !

Non, ce n’est pas des champignons, que je voudrais vous parler ici, mais je voudrais vous faire partager quelques-unes des joies que m’a procuré leur recherche .. .


Sept heures du matin … L’air est frais lorsque Roger Blanchard ouvre sa porte. Sur la table de la grande pièce, il reste une terrine de pâté de lièvre : Nous l’avons bien entamée. Il reste aussi un fond de bouteille de vin blanc et un quignon de miche dont la tranche est bise et la mie serrée : Le pain de campagne comme je l’aime ! Nous sortons dans la cour de la ferme : Deux coqs se répondent : L’un s’égosille à l’autre bout du village, l’autre est là, perché sur un mur. Oléron s’éveille ! Remugles de l’écurie. Le cheval tape du pied. Médélise a déjà fini la traite : On entend « racasser » les couvercles des bidons de lait, qu’elle traîne devant le portail : Le camion de la coopérative laitière de Saint Pierre passera pour la collecte. Dans l’Est, le ciel est tout blanc, avec des ondulations d’or. On entend la mer :

                                                            


-       «  Il y a du son de mer. Ce soir, on ira à l’ouillage : Il y aura des « meuils » - Les « meuils », ce sont les mulets … Ils sont là quand il y a des rouleaux pour oxygéner la mer.

Nous avons pris nos espiot’s : Ils sont utiles pour écarter les branches et pour ( On ne sait jamais !) … Ils sont utiles pour tuer les serpents … D’ailleurs, nous avons aussi pris nos corbeilles en osier, nos corbeilles de pêcheurs : On dit bien , en Oléron, que l’on va « pêcher » des champignons … Tout comme on va « pêcher » des « cagouilles », quand il a plu ! … Les cagouilles, je pense que je n’ai pas besoin de vous dire que ce sont les escargots …

                                              


Le sol est mouillé. Il a plu hier au soir, et peut-être dans la nuit … Oh ! Ce sont de courtes averses, des averses comme il y en a au début de l’automne. Les champignons ont dû sortir !

- « Où va-t-on, Roger ? »

- « On va commencer par aller voir au « Chapeau à Trois Cornes ». Je parie que les brunettes et les gros pieds sont sortis de terre. »

Nous avons pris nos vélos. Nous allions assez lentement parce que … avec nos imperméables, nos corbeilles, nos espiot’s ! … Nous avons longé les vignes. Elles avaient été vendangées et les feuilles commençaient à roussir … Au détour de la route, un faisan s’est envolé dans un grand froissement d’ailes. Il criait tellement que c’en était une véritable cacophonie … Les longues plumes de sa queue traînaient en arrière.

-       «  Tu as vu ? C’est un obscur ! C’est beau, tout de même ! »

Nous avons vu encore des oies qui montaient vers le Nord, en formation angulaire … Elles trompétaient puis se sont évanouies en passant au-dessus de la haie de tamarins. Nous avons posé les vélos contre cette haie.

Le « Chapeau à trois Cornes », c’est derrière le village de L’Illeau. On y va par une piste toute droite, bordée des deux côtés par un « ruisson » d’eau saumâtre : L’écoulement des marais … Julot est déjà là, avec son carrelet pour pêcher des anguilles …
                                                       



Juste comme on ouvrait la barrière … Vous savez, il y a deux barres de bois qui passent dans les trous, à travers deux pierres dressées comme des menhirs .. . Juste comme on ouvrait la barrière, mon frère bute dans une touffe d’herbes … Un lièvre détale et disparaît …

-       « Je savais qu’il était quelque part par là, dit Roger … L’autre jour, j’aurais pu le pêcher, mais je l’ai manqué ! »


Les champignons sont là, dans le pré : Ce sont des « gros pieds ». Ils ont poussé tout en rond, comme d’habitude … Un rond « de sorcière » …Un grand rond de plus de dix mètres de diamètre … Il y en a, il y en a ! … À ne savoir qu’en faire ! … Sans mentir, on pourrait en remplir un tombereau ! … Des jeunes, juste sortis de terre … Comme des boules de neige … Le chapeau n’est pas encore ouvert, on ne voit pas les lamelles brunes qui doivent se trouver dessous … Mais ils sont de bonne taille : Larges comme la paume de la main, et même un peu plus !

-       «  Médélise va être contente : c’est avec ça que l’on fait les champignons farcis … Hum ! Avec de la chair à saucisse ! »

C’est tout de même curieux, cette façon de pousser en rond, au milieu de l’herbe rase des près.

-       « Ils poussent là où il y a eu des vaches … On dit que les champignons poussent là où les vaches ont pissé. »

-       « Alors, pas de vaches, pas de champignons ! »

Il y a bien des « brunettes », dans le pré d’à côté. Les brunettes, c’est plus petit que les « gros pieds », mais, quand on les cuisine, c’est beaucoup plus fin … Ce sont elles que l’on appelle aussi les « champignons des près » … Certains disent que ce sont des « marguerites ».

«  Nous viendrons en chercher demain … Les corbeilles sont pleines ! »

L’odeur des champignons, c’est l’odeur de l’automne ! Une omelette aux champignons ! … Je ne vous dis que cela ! … Une omelette forestière ! … Toute l’odeur automnale ! La maison en est remplie de la cuisine au grenier … Quand vous ouvrez la porte de la maison, c’est toute la campagne que vous respirez !

Attention toutefois, lorsque vous ramassez des « brunettes » … Il existe des champignons, de la même espèce, mais le pied en est marqué de jaune, le lait qui coule de la coupe est jaunâtre aussi .. . Oh ! Ils ne vous empoisonneront pas mais … J’en ai fait cuire par inadvertance … Ils ont une odeur et un goût de poivre ! … Cela vous prend à plein nez !

Tout comme les lactaires que l’on trouve sous les pins … Il y en a deux espèces qui sont comestibles : Les « lactaires délicieux » … Leur nom exagère un peu ! … Et puis les « lactaires sanguins ». Dans le midi de la France, on les appelle des « sanguins », ou des « safranés ». Leur chapeau est renversé. Ils sont teintés de couleur franchement orange, avec des cercles verdâtres. Le lait qui coule de la coupe est franchement orange, rougeâtre … On ne peut les confondre avec aucun autre … Heureusement d’ailleurs, car toutes les autres espèces ne sont pas comestibles : Il y a le lactaire blanc, le lactaire jaune, le lactaire poivré … Tiens, celui-là aussi, et du Diable s’il l’est,  poivré … Immangeable ! !
                                                



Je ne vous dirai rien des « doridelles » des champs, ni des « coulemelles » … Ce sont pourtant deux espèces de champignons très appréciées en Oléron.

Je n’évoquerai pas le cep … Il y en , paraît-il dans le Bois d’Angâs, vers Dolus … Mais je ne vais pas au bois d’Angâs … J’ai bien trouvé des bolets, qui ressemblent aux ceps, dans la forêt de Foulerot et dans celle de Boyardville, mais je connais trop mal les bolets pour m’y fier ! … Vous avez entendu parler du « bolet Satan », dont le sang est vert ? …

Ah oui … ! J’oubliais … Dans la forêt de Foulerot, j’ai trouvé des morilles … Des quantités de morilles qui poussaient dans le sable des dunes … Puis, sur ces sables, du lierre a poussé et s’est répandu … Je n’ai jamais revu de morilles dans l’île d’Oléron, mais on trouve des « trompettes de la mort », dont on ne sait pourquoi on les affuble de ce nom, car elles sont très bonnes … Et l’on peut trouver des girolles au parfum si prenant !

                                              


-       « Tiens, préparez donc une omelette aux girolles, Médélise … Et servez-nous un coup de blanc ! »

-       «  Je ne vais pas vous préparer des girolles, mais je vais vous faire une omelette aux mousserons … Vous m’en direz des nouvelles !

Les mousserons poussent sur les « bosses » des marais : Leur tige frêle porte un chapeau brunâtre, tout petit … On les appelle d’ailleurs des « petits clous ». On les enfile sur un fil, avec une aiguille et on tend le fil sous le plafond de la cuisine, pour les faire sécher … Pratique : On en a pendant toute l’année … Il suffit de les faire tremper avant de les cuire … Et quel parfum !





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