dimanche 11 août 2013

LA PÊCHE AU CARRELET







                                                   








LA PÊCHE AU CARRELET




La pêche au carrelet ? … C’est pour les poètes ! … Tout un après-midi … Toute une journée, enfoui jusqu’à mi-corps dans les fenouils, les aches, les tamarins et les prunelliers … Toute une éternité sans autre bruissement que l’eau qui s’écoule par les fissures d’une écluse, sans autre cri que celui des échasses à pattes rouges ou la flûte à deux tons  des courlis cendrés, sans autre musique que les voix de gorge des bernaches … En fin de saison d’été, vous cueillez sur les bords du canal une poignée de prunes sauvages, ou bien vous mangez des mûres, bien noires dans les ronces vertes …

Le temps se fige … Le vent vous apporte peut-être le son des cloches du village … Mais que veulent-elles dire ? parlent-elles le langage officiel du « temps » légal » ou celui de la course du soleil ? parlent-elles le langage de l’heure d’été ou déjà celui de l’heure d’hiver ?

                                                   



Le temps n’est plus … Le temps s’est endormi … Dans le « ruisson », nulle ride ne trahit quelque courant. De larges taches jaunes, brunes ou rouges flottent et s’étirent.  Une anguille, de temps à autre « sape  de la goule », quelque part dans un coin vaseux. Flammèches rouge et or des chardonnerets qui sautillent d’une branche à l’autre, en un vol court et saccadé. Les marais, pour la plupart, ont été vidés lors de la dernière grande marée. Ils luisent comme autant de miroirs dorés par la lumière rasante qui est caractéristique d’Oléron et de ses terres toutes plates. Odeurs fades, par bouffées … Odeurs d’absinthe, aussi.

                                                         


Le temps … Le temps … Seule l’ombre de la crémaillère de l’écluse, qui se couche dans l’eau, tourne lentement et s’allonge … Le temps !

Là-bas, tout là-bas, le taureau de mon oncle Marcel mugit : Les sons portent loin. J’entends aussi, un peu après, le cri de la fermière, Madame Murail, qui doit rentrer ses vaches. Je sais : Elle ouvre la barrière, houspille son chien, qui aboie, les vaches se dirigent vers leur étable … Elle referme la barrière.  

-       «  Eh là ! Va donc chercher la Rousse qui s’écarte. » … j’ai deviné plutôt que compris …

Le temps a passé sans qu’on s’en aperçoive : La voiture du marchand de légumes corne : Elle s’arrête à la ferme de l’Illeau, c’est son dernier arrêt avant le retour à Chéray …

                                                   


Et la pêche, direz-vous ? – Ma foi, la pêche … « Il y en a assez pour manger. » … C’est tout ce qu’un pêcheur consent à dire à ceux qui l’interrogent, n’est-ce pas ?

On a promené son carrelet, un peu, pas beaucoup. On a essayé deux ou trois endroits que l’on connaît bien : Dans le « débours » de l’écluse, puis, un peu plus loin, là où  la berne du « ruisson » s’élargit suffisamment pour qu’on s’y asseye confortablement, qu’on s’y allonge même à l’occasion. On a trempé son filet de l’autre côté, abandonnant le « ruisson » pour essayer dans le canal du Douhet …

Tiens … Un léger froissement dans les herbes … Sans doute un lapin de garenne …

                                             




«  Des anguilles ? … Oui, il y en a assez pour manger » ... Alors on tire une dernière fois sur la corde, on relève la perche, on démonte les « alarmes » de sureau, on attache la « marotte » pour qu’elle ne ballote pas en marchant … On plie le filet carré … On rentre à la maison.

Grincement de la chaîne du puits, du côté de chez Louis Conil, claquement du seau sur la margelle 

Peut-être avait-on pris le temps, au cours de l’après-midi, de relever les deux ou trois fagots de sarments de vignes que l’on avait laissés là avant-hier, dans le fond du « ruisson » … Les anguilles adorent s’y cacher … Il n’y a plus qu’à jeter le fagot sur la terre …

Allons … Bonne journée ! Excellente journée !  La cloche sonne à nouveau au clocher de l’église de Saint-Georges et la brise toute douce qui s’est levée étire une gloire de voiles colorés du côté de Chaucre et Domino. On entend le ressac : La mer roule sur la plage de Plaisance …

- « Il y aura des mulets, cette nuit, à l’ouillage » …


                                                 






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