Des "dormeurs", que l'on appelle aussi des "bourses" ...
ÉCHOUAGES
Il y a
plus de cent ans, une baleine s’est échouée sur les côtes d’Oléron … On en
parle encore. Je crois bien me souvenir qu’une autre baleine, ou tout au moins
un baleinoptère s’est laissé prendre dans les pièges à poissons que l’on
appelle des écluses, à Chaucre. Il me semble bien me souvenir qu’on l’a trouvé
vivant et qu’on l’a tué … J’ai vu une ancienne carte postale sur laquelle on
voyait les glorieux « vainqueurs » traîner le mammifère marin, mort,
sur un charreton … Qu’en fit-on ?- Je sais que l’on se mit en rapport avec
le Muséum d’Histoire Naturelle …
Mais …
- « Eh bien, à présent tout le monde est content.
C’est pas pour dire, mat’lot, mais on est content
…
Y’a plus d’grands seigneurs ni d’jésus qui tiennent,
Y a
l’président, et ya plus d’baleines !
(Paul Fort – les baleines)
-
« Madame, si
quelqu’un vient me demander
Soyez aimable et répondez
La baleine est sortie
Asseyez-vous
Attendez la
Dans une quinzaine
d’années, sans doute elle reviendra …
(Jacques Prévert – La Pêche à la Baleine)
Il y a bien longtemps qu’on n’en parle plus chez nous.
Des traces de pas sur le sable ...
Du temps de mon adolescence, il y avait
pourtant de joyeux compagnons qui passaient en faisant des cabrioles, juste
au-delà des plages : C’étaient les dauphins … Appelez les marsouins,
appelez les dauphins … Je sais que ce n’est pas pareil, mais je ne les
distingue pas très bien les uns des autres. Ils se montraient en troupes de
trente, quarante individus, plus parfois … On les voyait faire la farandole,
souvent venant du Nord, c’est-à-dire du pertuis d’Antioche, et se dirigeant
vers le fort Boyard, à raser la pointe des Saumonards. En général, c’était
lorsque la mer, calme, roulait tout de même assez fortement sur le sable des
plages de la Malconche.
Il est arrivé que l’on trouve sur le sable
quelques individus échoués … Lamentable fin pour un si bel animal, et si joyeux
compagnon ! Nous savons
maintenant que ces échouages sont fréquents sur les côtes de tous les pays à
façades maritimes. Nous n’en connaissons pas encore les causes exactes, mais
les chercheurs observent le phénomène avec attention. Je me souviens, pour ma
part, d’avoir trouvé trois cadavres sur le « Gros Roc », près de la
balise du Douhet : C’était dans les années cinquante. On eut dit que la
mer venait de les déposer … J’ai eu l’occasion d’en trouver deux sur la grande
plage de Saint-Trojan dans les années soixante. Depuis, je n’en ai plus aperçu,
ni sur les sables, ni … Hélas ! dans les eaux de la Malconche. Il n’y a
plus de marsouins dans le coureau d’Oléron … La faute à qui ? – Dans
l’archipel des îles Feroë, on en fait des hécatombes … Pourtant, aux îles
Feroë, on joue au football, donc on est civilisé …
-
« Tiens !
disait-on autrefois : Il y a du « son de mer » et il y a des
marsouins … Il y aura des « meuils » à la côte, cette
nuit ! »
Homards bleus de La Cotinière
On disait aussi que les marsouins mangeaient la
tête des seiches … On trouvait beaucoup de seiches, échouées sur les plages,
surtout aux alentours de Pâques. Nous les ramassions, nous en faisions des
cuisines … Lorsque nous les ramassions, elles étaient toutes décapitées :
On disait que c’étaient les marsouins qui mangeaient leur tête … On sait
maintenant que les seiches meurent après la ponte … Le courant les emporte et
les dépose sur le sable. N’avez-vous jamais trouvé leurs œufs ? – Grappes
de raisins noirs … Une graine, pelée, membrane après membrane, laisse voir dans
une sorte de gelée, une seiche minuscule et qui nage .. .
Il n’y a plus
guère de seiches à ramasser sur les sables … Tout juste des os de seiches,
petites barques blanches que l’on ramasse pour les donner aux oiseaux qui les
picorent. Dans les villes, on vend les os de seiches aux amateurs … sous
sachets de matière plastique … Sur la plage, ils sont criblés de petits
trous : les coups de becs des gravelots qui les picorent …
Crevettes roses ou bouquet ...
Les sachets de matière plastique … Nous savons
maintenant que ce sont eux les pires ennemis … des tortues marines !
Assez fréquemment
des tortues nous arrivent : Elles se sont laissé entraîner par le Gulf
Stream … Elles viennent de Guyane ou des Antilles … Ce sont de grosses
dames vêtues de cuir, bleuâtres, pesant souvent près d’une demie tonne, voir plus. La plupart du temps, lorsqu’on
les trouve chez nous, elles sont mortes et, quand on ouvre leur estomac, on
s’aperçoit qu’elles ont tellement avalé de sacs plastiques qu’en fait … Elles
sont mortes de faim ! … Leur estomac ne pouvait plus accueillir aucune
nourriture. Elles cherchent habituellement les méduses, dont elles font leur
provende : Rien ne ressemble plus à une méduse, dans l’eau, qu’un sac
plastique vide … Ne jetez pas vos sacs plastiques vides à la mer … Ni ailleurs,
parce que le vent les emporte et ils finissent par aboutir … Dans
l’océan !
La Bouteille à la mer ...
Je me souviens …
C’était en 1961, je crois. Je passais sur la route, vers
l’Illeau-La-Grand’-Côte … Un attroupement … Quelques six ou sept personnes … Au
bord de l’eau, une chose indéfinie … Mais non … Ce n’était pas une chose … c’était
une tortue luth que l’on avait traînée sur le sable. Elle était vivante, la
voyageuse au long cours ! Elle était vivante, mais prisonnière :
L’orin d’un casier à homard s’était entortillé à l’une de ses pattes de devant
… Maladroite ! … Mais aussi ! …
Les hommes l’ont relâchée après une communication avec les responsables
du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle … Sera-t-elle assez chanceuse
pour échapper aux mailles des filets, passer à travers des « marées
noires », glisser entre les barques des braconniers ?
La tortue luth est classée parmi les espèces
protégées. Elle est menacée de disparition … Et pourtant, regardez-là sur
votre écran, quand elle évolue dans les eaux claires, parmi les roches et les
coraux … Regardez comme la « grosse dame » est souple : Elle
danse, nonchalante …
Ah ! respectez les tortues ! … Il y
a, dans l’île d’Oléron, une équipe de bénévoles qui se chargent du nécessaire
lors de l’échouage des mammifères marins. Ou des tortues N’hésitez pas à
prendre son attache si vous découvrez un animal … Il est arrivé que l’on
trouve, ici ou là, un phoque égaré … n’y touchez pas ! Téléphonez plutôt
aux spécialistes !
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